Ici, il est...

vendredi 8 avril 2011

Huayna Potosi (6088m) - Une journée en enfer pour voir le paradis...

Dans le classement de la pire journée de ma vie, je classerais cette journée du Huayna Potosi en 2ème, juste derrière mon accident de 2007...

Il y va fort, vous dites vous ? Pourtant, non ! Mais le pire dans tout ça, c'est que j'y suis allé de moi-même...

Le Huayna Potosi, qu'est ce que c'est ? Une montagne qui culmine à 6088m au dessus de La Paz, en Bolivie.
Qu'est ce qu'on y fait ? de l'escalade de paroies glacées, de la montée en piolet du glacier et l'ascension du sommet à 6088m.
Qu'est ce que j'ai fait ? Les 3...

Le matériel : chaussons en laine, chaussures coquées en plastique dur (semblable à des chaussures de ski), les crampons, des guêtres, des chaussettes de laine, un caleçon long en laine, un pantalon thermique, un baudrillet, tshirt thermique, polaire, windstopper, veste d'alpinisme, gros sac a dos, sous gants en laine, moufles en cuir, cagoule thermique, bonnet, lunettes et frontale.

Le déroulement :
   - 1er jour : escalade du glacier et descente en rappel sous tempête de neige. Nuit au 1er refuge à 4750m (je rappelle que le Mont Blanc culmine a 4810m)
   - 2ème jour : marche en direction du 2ème refuge, arrivée à 5200m, maté de coca et de muña pour le soroche (mal de tête des montagnes), "dodo" à 17h (mais impossible pour notre groupe de 4 de dormir, à part les 2 guides qui ronflent paisiblement dans cette cabane de tôles improvisée au milieu de la glace). Là, ça devient "roots", pour faire l'eau du thé, ils font fondre de la glace, les toilettes ne sont rien d'autre qu'un trou au milieu de la neige, le froid rentre de partout, on a mal a la tête, on dort pas...
   - 3ème jour : le réveil sonne a 00h30, on mange un peu car de toutes facons, on peut pas manger plus, on s'habille avec tout notre attirail, on allume la frontale, on s'encorde par 3 et on démarre l'ascension !!
On a pas dormi à cause de l'altitude et du froid, mais nous voilà en train de marcher sur des flancs de montagne glacés par cette nuit étoilée et glaciale. Au bout de 2h de marche, avec Damien nous avons la même sensation : marcher au ralenti (quand tu vois les chaussures qu'on a, tu comprends, elles pésent 2kgs), être saoul ou drogué par le manque d'oxygène (pourtant on est à 5500m et il reste les parties les plus difficiles à gravir). Parmis ces passages durs, je mettrais ce flanc de montagne quasi à la verticale à passer au piolet et aux crampons en montant comme des chèvres, en zigzagant. On continue de marcher, il est 5h quand Luis, le guide me dit qu'il reste 1h30... j'ai plus de force, j'ai faim, j'ai soif (notre bouteille d'eau a congelé), j'ai sommeil, j'ai froid... 1h30 dans la neige, à continuer ! Là, intervient une des choses les plus importantes : le MENTAL ... de toutes facons, je suis totalement amorphe, mon cerveau n'est plus alimenté, je calcule rien. La seule chose que je fais, c'est regarder l'altimètre sur ma montre, qui monte paisiblement et approche des 6000m ! Luis annonce la dernière demi heure, il est 6h, le jour commence a pointer du nez au dessus des sommets de la Cordillère royale des Andes qui nous entoure... Le chemin final est surement le passage le plus dangereux : ce dont je rêvais depuis tout petit est en train de réaliser : marcher sur une arrête de montagne : y'a 20cms pour poser ses pieds, à droite il y a un précipice de 150m, à gauche un autre précipice encore plus profond...avec surement une inclinaison de 85-90%... 6h33, 6088m, on y est !! Une fierté que je garde cachée en moi sur le moment, surement car je ne réalise pas que j'y suis enfin ! Que l'ascension, c'est fini... Mon esprit est encore drogué avec cette sensation d'alcolisme imbibé. Tout est décuplé : la faim, le froid, la fatigue !! Car généralement, comme au vélo, quand t'as fini ta course : c'est fini !! Mais là, NON ! Il faut revenir au refuge I à 4750m.
On redescend au refuge II et là, je n'ai plus une seule force, je n'entends plus ce qu'on me raconte, je suis inconscient... Sur le matelas, je peux meme pas boire un thé... Ce que j'ai oublié de dire, c'est que la 1ère nuit, j'étais déjà mal, j'ai offert à la Pachamama (Terre Mère), mon repas du soir durant la nuit, je me suis réveillé avec de la fièvre et le mal de ventre... Avec l'effort et tout par dessus ça, mon corps n'a vraiment pas apprécié... le guide est obligé de porter mon sac, je marche 4-5x moins vite que les autres, je manque de tomber á plusieurs reprises...
Au mental, j'ai fini la descente.

Depuis mon retour à la Paz (lundi), mon corps est tout malade (fièvre, "digestion difficile", dodo entre 14 et 18h par jour, pas faim, froid, sommeil, mal de tête, pas de force...) !!
Depuis ce matin, ça va légèrement mieux ! Entre temps, on a été au Lac Titicaca et là on est à Cuzco au Pérou.
6088m, je l'ai fait... et je ne le referais certainement pas, en ayant de la fièvre...
Pour dire la vérité, je n'ai jamais autant surpassé mon corps....et si au vélo j'avais réussi à me surpasser comme ça, j'aurais pu en gagner bien plus des courses... (mais passer une semaine comme ça par dessus, c'est OUT) !!

6 commentaires:

  1. Héé ooohhh, maintenant que t'as vécu ça, tu peux reprendre le vélo... après tout, quand la course est finie : c'est fini !!
    Moi, il me tarde de voir les photos (s'il y en a) !
    Et ne fais plus jamais ça : ne pas donner de nouvelles pendant longtemps ! On s'inquiète nous !! Tête d'ail !
    Au fait, avec Victoria on rentrera le 28 ou 29 mai... et Manu restera encore un mois au moins ! J'espère que tu pourras passer nous voir avant qu'on parte !!

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  2. Waouh waouh waouh! T'es vraiment un ouf! A chaque fois que je viens lire tes péripéties je suis de plus en plus scotchée! Bravo! Que l'aventure continue de plus belle pour toi!!
    Bises d'Alsace
    Joëlle

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  3. Bon j'espère que tu vas mieux et que le mal des montagnes n'est plus qu'un souvenir.
    T'as toujours des plans de warriors!
    Bon je te souhaite une bonne aventure au Machu Pichu!Envoie nous des news quand tu peux.
    Bisous de toute la famille.
    Olivia voulait te poster une lettre car l'autocollant dessus lui a fait penser à toi (cactus dans le désert.)Ciao

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  4. tu voulais le faire, tu l'as fait!! c'est bien
    mais soignes toi, récupère.... heureusement, on n'était pas au courant avant!!!!! que de soucis!! mais tu l'as réeussi, tu dois être fier!
    bisous...tête d'ail comme dit caro!!!!

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  5. Un problème de digestion rien de tel que le lac titicaca pour tout oublier.....

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  6. Je suis fière de toi, mais j'ai envie de dire.... ENFIN ! Alors tu es vraiment humain ? Tu tombes malade !!! Je l'attendais celle-là, je me disais... "mais jamais ?" BIN SI ! Tu l'as fait ! Là, tu peux dire que t'as vraiment tout fait !!! (camille)

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