Sucre (Bolivia) - Que faire ?

Bon...
Après avoir passé 2h pour la visite d'une galerie des mines de Potosi avec un ancien mineur (je rappelle : berceau du capitalisme mondial, où des milliers de millions de tonnes d'argent ont été extraits), courbé, respirant la poussière, patogeant dans l'eau boueuse, marchant sur les rails des chariots, croisant des gamins bossant là, buvant l'alcool potable à ... 96ºc avec les mineurs, leur achetant de la dynamite (vente libre), écoutant la détonnation à 100m plus bas, j'ai vite compris qu'on avait pas forcément à se plaindre de notre rythme de vie...

Nous voici dans un bus en direction de Sucre (capitale de la Bolivie, non non, ce n'est pas La Paz... promis, je vous jure, c'est la capitale historique et constitutionnelle), une ville de 300 000 habitants. Pensant passer 2-3 jours, me voilà ici depuis 1 semaine, bloqué par des manifestations et des mouvements sociaux (revendication d'une hausse des salaires). C'est une jolie ville aux vestiges coloniaux, mais bon, on a vite fait le tour... Dimanche, on a décidé de partir à Tarabuco, une énorme marché artisanal dans un petit patelin, perché dans la montagne, au milieu de nulle part ! En cherchant un nouveau petit sac à dos (l'actuel s'usant à vitesse grand V, prouvant des quelques 10.000-15.000 kms déjà parcourus sur ce continent), j'arrive sur la place centrale, au milieu d'une foule (relativement de petite taille, bolivienne par conséquent), j'aperçois une procession carnevaleresque (j'aime toujours autant inventé des mots, bref carnavalesque)... Sympa, j'apprends qu'il s'agit du "dernier" carnaval du continent ou du monde ! ET LA... j'entends "EVO EVO EVO"... Evo Morales, c'est le président bolivien... Du haut de ma grande taille, comparée au mètre 50 du peuple local, j'aperçois un homme, en tenue traditionnelle du Carnaval de la région, avec des sortes de tongs compensées, drapé de 1000 et une couleurs, coiffé d'une toque locale, dansant sur le rythme des tambours, timballes qui résonnent dans toute la ville... Il danse parmis nous, essayant de se frayer un chemin tel David Moncoutié durant l'ascension d'un col lors d'une échappée sur le tour de France, au milieu de la foule l'acclamant... C'est EVO MORALES, le président bolivien... J'arrive pas à y croire, qu'il fasse cela sans protection rapprochée, pourtant je guette s'il n'y a pas des snipers sur les toits des maisons en terre, ou sur le gymnase tout rouillé... Meme pas !! La procession se finit au pied d'une offrande de 10-15m de haut, où il y a de tout... légumes, fruits, feuilles de coca, fleurs, bouteilles de bières, d'alcool à 96ºc, dessins ... et même, un cochon grillé au sommet... WAOUUUH. Toute l'aprem, des troupes des villages voisins dansent, entrant en état de trans' sous les yeux du président, toujours aussi acclamé...
Pourtant, à Sucre... Aujourd'hui même, j'ai entendu des expressions que je traduirais poliement par "gouvernement de merde"... Une manif', semblable aux manifs françaises d'étudiants qui a pris vie dans le centre ville. Enfumées par les pétards, les rues ont vite vu le débarquement de camions militaires, les banques ont baissé leurs rideaux, les touristes curieux comme nous, ont "admiré" le "spectacle"...
Bref, on pense partir bientot pour La Paz, espérant que les bus ne seront pas bloqués sur la route comme on a pu l'entendre ces jours ci...
AFFAIRE A SUIVRE !!