Plusieurs jours d'absence sur le net m'ont fait revenir en plus grande forme !
Tout un tas de raisons :
- j'ai encore fait du trek du côté d'Arequipa dans le 2ème Canyon le plus profond du globe : Canyon de Colca,
- je viens de passer plus de 2 mois à plus de 3000m d'altitude. Dans le domaine du cyclisme, on pourrait m'appeler Mr 64 (pour ne pas citer le vainqueur du tour de France 1996). L'altitude faisant augmenter le taux d'hématocrite, je peux vous dire que j'ai des globules rouges dans le sang, je pète la forme maintenant que je suis revenu au bord de l'Océan Pacifique à Lima.
- tout un tas de choses qui me donnent le sourire et le sourire me donne la forme.
Ceci étant dit, vous savez que je suis à Lima, que je suis tout heureux et qu'en plus, la forme est ancrée en moi.
Il y a quelques jours, j'étais à Arequipa, toujours avec Damien et Romain, on a également retrouvé du monde qu'on avait recroisé au MachuPicchu. Arequipa, au Sud du Pérou est la 2ème ville du pays. Elle est aussi appelée "ville blanche" en rapport avec les batiments qui sont érigés avec de la pierre volcanique d'un blanc surprenant. L'activité touristique la plus développée est le trekking dans le Canyon de Colca. On a même pu dormir dans un oasis (qui, entre nous... ne vaut pas la peine : petit Club Med pour gringos) où on a pu se reposer. Entre passer un col à 4800m, découvrir des cochinillas (semblable à des vers à soie) qui sont remplies de liquide rouge sanguinolant pour la fabrication de teintures, croiser des mules, traverser des villages, marcher dans l'endroit où un péruvien est recherché depuis 3 semaines car il a disparu en se promenant ici ou tout un autre tas de choses, le petit trek a été intense. A cela, vient s'ajouter le départ d'un des 3 mousquetaires, Romain mon coloc de voyage reprend tranquillement la direction de la France en faisant marche arrière direction Buenos Aires pour décoller de Buenos Aires dans les jours à venir.
Le retour à la civilisation a été fort en émotions et pour cause : c'est la Semana Santa ! L'évènement à ne pas manquer au Pérou : toute la semaine avant Paques, il y a des processions dans les rues des villes. Pour ne pas entrer dans un inventaire sans fin, je peux déjà citer ce qui m'a le plus marqué : cet homme avec une cagoule et une robe marron qui, au milieu de la procession est pieds nus en train de porter une croix de l'église qui doit faire 3m de hauteur. Il y a aussi les statues des différentes églises de la ville qui sont portées sur de grands socles en bois par 10-15 personnes qui souffrent pendant 2h à la tombée de la nuit pendant que les cloches retentissent et se repondent dans toute la ville. La marche escortant la procession est silencieuse et illuminée par les bougies des croyants qui ont leur moment de culte en pleine rue. Durant cette semaine, tout est bloqué, les prix sont enflammés, les bus sont maxi over blindés (vous m'excuserez, j'aime bien mettre des expressions de jeunes =) ), les lieux vendant de l'alcool et diffusant de la musique sont très difficiles à trouver ouverts, le jeudi et le vendredi sont fériés... en gros, c'est vraiment une semaine sacrée, leur semaine Sainte durant laquelle, ils font le jeûn !
Mais nous, on est des fous ! Avec Damien, on s'est levé à 4h dimanche matin, avant que la procession bloque tout, on a mis nos gros sacs sur le dos et on est parti au terminal de bus pour aller vers Lima - capitale péruvienne. Le prix normal est de 35-40 nouveaux Soles... nous avons eu le plaisir de prendre la compagnie la plus affreuse et la plus atroce de tout le Pérou, à moins qu'il ne s'agisse du bus le plus miteux d'Amérique du Sud que j'ai pu prendre... Je vous explique le petit bordel : Arequipa - Lima, c'est rien d'autre que 16h de bus (entre nous, c'est rien comparé à toutes les heures de bus que j'ai pu faire depuis Ushuaia qui est à vol d'oiseau à 5000km, sachant que j'ai bien silloné, quadrillé, parcouru les 7 pays traversés), donc 16h de bus dans un bus "avec toilettes" juste à côté de mon "siège" : une planche de bois recouverte de mousse, le tout cousu en quelques secondes ! MAIS le pire, c'est qu'on a les dernières places du bus, au dernier rang et sans exagérer, sans faire mon Marseillais (mais mon Toulousain), il y avait 15cm entre nos sièges et ceux de devant (qui, eux, avaient de la place) pour passer nos grandes jambes... Imaginez vous 16h sans espace... Damien, à la fenêtre avait recroquevillé ses jambes sur lui même, dans une semi position de foetus, moi un peu plus chanceux, j'étais de côté avec les jambes dans l'allée, dérangeant tous les péruviens qui partaient au pipi room afin de nous faire partager les odeurs du pays...
Maintenant, on est à Lima, on dort chez Jérémie, un étudiant français qui nous a invité à dormir dans sa colocation lorsqu'on s'est recroisé au Canyon après avoir échangé quelques mots avec son groupe à Cuzco. Très bonne ambiance et en plus, on est dans le quartier MIAMI péruvien.
Loin de là, je ne qualifie pas tout Lima de Miami mais les quelques blocs de rue encadrant l'Avenida Larco et le front de mer sont vraiment taillés sur mesure pour concurrencer une village d'élégance américaine... Que ce soit ces courts de tennis avec ramasseurs de balles ou ceux en gazon sur un toit dominant l'océan Pacifique, ces salles de sports avec machines ayant une vue sur la grande étendue bleue, ces énormes voitures de luxe, ces appartements qui feraient rêver les plus grands architectes, ces péruviens qui promènent 8-10 chiens de maîtres riches qui exigent que leur toutou soit sorti plusieurs fois par jour, ces gens qui font du roller ou du footing le long du front de mer, ces policiers tous les 100m, ces nombreux casinos avec voituriers, ces supermarchés avec tous les produits du monde entier...tout tout tout est là pour rappeler l'énorme différence qu'il peut y avoir à l'intérieur d'un même pays... Le Pérou c'est pas ça et je comprends que beaucoup de personnes arrivant en Amérique du Sud, débarquant à Lima et cherchant un hotel dans ce quartier hyper sécurisé ne se sentiront pas dépaysés au 1er instant... il faut se promener et c'est ce que je vais faire demain !
Une rumeur d'un eventuel concert de Manu Chao tourne dans les rues de Lima... dimanche ou mardi !?
Super content de parler espagnol de mieux en mieux... Ahorra puedo hablar...
Atterrissage prévu à Ushuaia le 29 novembre 2010, parce que je voulais aller au Canada... Etrange ?! Oui, ça l'est !!
Ici, il est...
mercredi 27 avril 2011
vendredi 15 avril 2011
MachuPicchu - quelle Merveille...
Le tourisme péruvien a bien compris qu'il y avait un business à faire ici... La principale raison provient du fait que le seul moyen de rallier "Aguas Calientes", le village au pied de la montagne où domine la merveille en ruine, est la voie ferrée !!
Pour faire rapide, bref et concis sur le budget à prévoir : 3€ Cuzco-Oll., compter 31$ (24€) l'aller pour 28kms de train, à l'heure la plus économique (5h du mat' pour le retour)... prévoyer 126 soles (32€) pour l'entrée sur le site du MachuPicchu, 31$ supplémentaire pour revenir vers Ollamtaytombo puis 3€ pour rejoindre Cuzco en bus... en gros, sans compter l'hotel, la nourriture, l'entrée aux toilettes du MachuPicchu (parait il que c'est hors de prix)... Bref, c'est CHER !! Minimum 100-150€ la journée.
Sinon, si vous voulez dépenser 400$, vous pouvez faire le trek des incas sur 3 jours...
Je vois déjà Véro, ma soeur, sourire scotché aux lèvres, en train de s'imaginer quel tour on a pu faire pour éviter tout ça...
Alors, déjà, premier aperçu : cela nous a pris 4 jours entiers.
1er jour : Cuzco - Ollamtaytombo en bus collectif (3€), visite du chateau haut perché, gros repas pour 2€ et hotel pour 2.5€.
2ème jour : réveil à 4h30, moto taxi pendant 1h pour 2.5€ direction le KM82 et LA...on est parti pour faire 28kms à pied, le long de la voie ferrée, où le trafic de trains ne s'arrête jamais... train économique (celui a 31$) ou alors le train de luxe qui fait faire Cuzco - Aguas Calientes pour 800$ l'aller retour... mais on s'est même pàs fait écraser... (on est fort quand même !!). Bref, 7h de marche en traversant de magnifiques paysages, en longeant une rivière plus que déchainée, à voir des petites bébêtes toutes étranges, á manger des figues de barbarie directement sur les cactus. Repas sur la place centrale oú les restaurants se battent pour nous servir !! Tous les arguments sont bons : "vous pouvez fumer dedans" "y'a le wifi" "on a une terrasse" "on vous offre un PiscoSour" "les plats sont consistants" "y'a des filles à l'etage" !! Le plus marrant, c'est quand ils t'accostent en te parlant comme à un gringo américain, tout en anglais ! alors que nous, on aime trop parler en espagnol !! Et quand il faut négocier, c'est mon moment de bonheur. J'en oublie même que mon espagnol n'est pas excellent mais ennivré par l'enjeu d'économiser 0.50€, j'oublie tout. Le pire, c'est que ce que j'économise, je leur laisse en pourboire, c'est juste le jeu de négociation que j'aime !!
3ème jour : réveil à 4h pour être à 5h devant les grilles du pont pour le MachuPicchu afin d'être dans les 400 premiers, les seuls à pouvoir monter au Huayna Picchu (la grande montagne qu'on voit sur toutes les photos du MAchuPicchu). Là, 1h de montée par des escaliers abruptes, à la frontale car il fait nuit, qu'il "pleuviotte" !! Mais on est dans les 1ers. Jusqu'a 8h, on prend notre petit dej' en dehors du site car, il est interdit d'amener de la nourriture extérieure au site (encore un moyen de gagner des thunes). Puis on part grimper le HuaynaPicchu... PFFFFF mais tout est magnifique, autant les ruines du MachuPicchu que celles du haut du Huayna (ce n'est pas le Huayna Potosi d'il y a 2 semaines, à 6088m) ou encore le pont des Incas à flanc de montagnes... Tout est super bien calculé. On reste jusqu'à la fermeture, il n'y a plus personne, à part les lamas qui broutent paisiblement l'herbe plus que verte du site. On redescend à pied (le bus pour faire les 10 minutes de descente coute 6€)... Ahah on va me prendre pour un gros radin mais NOOON, je veux juste arriver au Canada...sans me prostituer et les finances s'amenuisent !!
Machu Picchu pas cher - backpacker - santa teresa
4ème jour : retour à pied des 28kms, en 5h30 ce coup ci car pas envie de m'arrêter, j'avais un bon rythme, à mi parcours, un gros orage arrivant, j'ai pris la poudre d'escampette de mes 2 colocs de voyage (sauf que c'est moi qui ait pris l'orage, pas eux...) !!
économique - machupicchu à pied pas cher
5ème jour : j'ai mal aux pieds (marcher sur les cailloux et les barres en bois du chemin de fer, c'est pas cool).
Bref tout ça pour dire que le MachuPicchu, c'est juste magnifique !! Incroyable de se dire que les pierres présentes sur le site, ne viennent pas de cette montagne... impossible d'imaginer comment ils ont monté ces énormes rochers. Mais le MachuPicchu, on se l'ait gagné... On en est fier !! 24h de marche en tout et pour tout. On l'a fait l'année du centenaire de la découverte Par Hiram Bingham...
vendredi 8 avril 2011
Huayna Potosi (6088m) - Une journée en enfer pour voir le paradis...
Dans le classement de la pire journée de ma vie, je classerais cette journée du Huayna Potosi en 2ème, juste derrière mon accident de 2007...
Il y va fort, vous dites vous ? Pourtant, non ! Mais le pire dans tout ça, c'est que j'y suis allé de moi-même...
Le Huayna Potosi, qu'est ce que c'est ? Une montagne qui culmine à 6088m au dessus de La Paz, en Bolivie.
Qu'est ce qu'on y fait ? de l'escalade de paroies glacées, de la montée en piolet du glacier et l'ascension du sommet à 6088m.
Qu'est ce que j'ai fait ? Les 3...
Le matériel : chaussons en laine, chaussures coquées en plastique dur (semblable à des chaussures de ski), les crampons, des guêtres, des chaussettes de laine, un caleçon long en laine, un pantalon thermique, un baudrillet, tshirt thermique, polaire, windstopper, veste d'alpinisme, gros sac a dos, sous gants en laine, moufles en cuir, cagoule thermique, bonnet, lunettes et frontale.
Le déroulement :
- 1er jour : escalade du glacier et descente en rappel sous tempête de neige. Nuit au 1er refuge à 4750m (je rappelle que le Mont Blanc culmine a 4810m)
- 2ème jour : marche en direction du 2ème refuge, arrivée à 5200m, maté de coca et de muña pour le soroche (mal de tête des montagnes), "dodo" à 17h (mais impossible pour notre groupe de 4 de dormir, à part les 2 guides qui ronflent paisiblement dans cette cabane de tôles improvisée au milieu de la glace). Là, ça devient "roots", pour faire l'eau du thé, ils font fondre de la glace, les toilettes ne sont rien d'autre qu'un trou au milieu de la neige, le froid rentre de partout, on a mal a la tête, on dort pas...
- 3ème jour : le réveil sonne a 00h30, on mange un peu car de toutes facons, on peut pas manger plus, on s'habille avec tout notre attirail, on allume la frontale, on s'encorde par 3 et on démarre l'ascension !!
On a pas dormi à cause de l'altitude et du froid, mais nous voilà en train de marcher sur des flancs de montagne glacés par cette nuit étoilée et glaciale. Au bout de 2h de marche, avec Damien nous avons la même sensation : marcher au ralenti (quand tu vois les chaussures qu'on a, tu comprends, elles pésent 2kgs), être saoul ou drogué par le manque d'oxygène (pourtant on est à 5500m et il reste les parties les plus difficiles à gravir). Parmis ces passages durs, je mettrais ce flanc de montagne quasi à la verticale à passer au piolet et aux crampons en montant comme des chèvres, en zigzagant. On continue de marcher, il est 5h quand Luis, le guide me dit qu'il reste 1h30... j'ai plus de force, j'ai faim, j'ai soif (notre bouteille d'eau a congelé), j'ai sommeil, j'ai froid... 1h30 dans la neige, à continuer ! Là, intervient une des choses les plus importantes : le MENTAL ... de toutes facons, je suis totalement amorphe, mon cerveau n'est plus alimenté, je calcule rien. La seule chose que je fais, c'est regarder l'altimètre sur ma montre, qui monte paisiblement et approche des 6000m ! Luis annonce la dernière demi heure, il est 6h, le jour commence a pointer du nez au dessus des sommets de la Cordillère royale des Andes qui nous entoure... Le chemin final est surement le passage le plus dangereux : ce dont je rêvais depuis tout petit est en train de réaliser : marcher sur une arrête de montagne : y'a 20cms pour poser ses pieds, à droite il y a un précipice de 150m, à gauche un autre précipice encore plus profond...avec surement une inclinaison de 85-90%... 6h33, 6088m, on y est !! Une fierté que je garde cachée en moi sur le moment, surement car je ne réalise pas que j'y suis enfin ! Que l'ascension, c'est fini... Mon esprit est encore drogué avec cette sensation d'alcolisme imbibé. Tout est décuplé : la faim, le froid, la fatigue !! Car généralement, comme au vélo, quand t'as fini ta course : c'est fini !! Mais là, NON ! Il faut revenir au refuge I à 4750m.
On redescend au refuge II et là, je n'ai plus une seule force, je n'entends plus ce qu'on me raconte, je suis inconscient... Sur le matelas, je peux meme pas boire un thé... Ce que j'ai oublié de dire, c'est que la 1ère nuit, j'étais déjà mal, j'ai offert à la Pachamama (Terre Mère), mon repas du soir durant la nuit, je me suis réveillé avec de la fièvre et le mal de ventre... Avec l'effort et tout par dessus ça, mon corps n'a vraiment pas apprécié... le guide est obligé de porter mon sac, je marche 4-5x moins vite que les autres, je manque de tomber á plusieurs reprises...
Au mental, j'ai fini la descente.
Depuis mon retour à la Paz (lundi), mon corps est tout malade (fièvre, "digestion difficile", dodo entre 14 et 18h par jour, pas faim, froid, sommeil, mal de tête, pas de force...) !!
Depuis ce matin, ça va légèrement mieux ! Entre temps, on a été au Lac Titicaca et là on est à Cuzco au Pérou.
6088m, je l'ai fait... et je ne le referais certainement pas, en ayant de la fièvre...
Pour dire la vérité, je n'ai jamais autant surpassé mon corps....et si au vélo j'avais réussi à me surpasser comme ça, j'aurais pu en gagner bien plus des courses... (mais passer une semaine comme ça par dessus, c'est OUT) !!
Il y va fort, vous dites vous ? Pourtant, non ! Mais le pire dans tout ça, c'est que j'y suis allé de moi-même...
Le Huayna Potosi, qu'est ce que c'est ? Une montagne qui culmine à 6088m au dessus de La Paz, en Bolivie.
Qu'est ce qu'on y fait ? de l'escalade de paroies glacées, de la montée en piolet du glacier et l'ascension du sommet à 6088m.
Qu'est ce que j'ai fait ? Les 3...
Le matériel : chaussons en laine, chaussures coquées en plastique dur (semblable à des chaussures de ski), les crampons, des guêtres, des chaussettes de laine, un caleçon long en laine, un pantalon thermique, un baudrillet, tshirt thermique, polaire, windstopper, veste d'alpinisme, gros sac a dos, sous gants en laine, moufles en cuir, cagoule thermique, bonnet, lunettes et frontale.
Le déroulement :
- 1er jour : escalade du glacier et descente en rappel sous tempête de neige. Nuit au 1er refuge à 4750m (je rappelle que le Mont Blanc culmine a 4810m)
- 2ème jour : marche en direction du 2ème refuge, arrivée à 5200m, maté de coca et de muña pour le soroche (mal de tête des montagnes), "dodo" à 17h (mais impossible pour notre groupe de 4 de dormir, à part les 2 guides qui ronflent paisiblement dans cette cabane de tôles improvisée au milieu de la glace). Là, ça devient "roots", pour faire l'eau du thé, ils font fondre de la glace, les toilettes ne sont rien d'autre qu'un trou au milieu de la neige, le froid rentre de partout, on a mal a la tête, on dort pas...
- 3ème jour : le réveil sonne a 00h30, on mange un peu car de toutes facons, on peut pas manger plus, on s'habille avec tout notre attirail, on allume la frontale, on s'encorde par 3 et on démarre l'ascension !!
On a pas dormi à cause de l'altitude et du froid, mais nous voilà en train de marcher sur des flancs de montagne glacés par cette nuit étoilée et glaciale. Au bout de 2h de marche, avec Damien nous avons la même sensation : marcher au ralenti (quand tu vois les chaussures qu'on a, tu comprends, elles pésent 2kgs), être saoul ou drogué par le manque d'oxygène (pourtant on est à 5500m et il reste les parties les plus difficiles à gravir). Parmis ces passages durs, je mettrais ce flanc de montagne quasi à la verticale à passer au piolet et aux crampons en montant comme des chèvres, en zigzagant. On continue de marcher, il est 5h quand Luis, le guide me dit qu'il reste 1h30... j'ai plus de force, j'ai faim, j'ai soif (notre bouteille d'eau a congelé), j'ai sommeil, j'ai froid... 1h30 dans la neige, à continuer ! Là, intervient une des choses les plus importantes : le MENTAL ... de toutes facons, je suis totalement amorphe, mon cerveau n'est plus alimenté, je calcule rien. La seule chose que je fais, c'est regarder l'altimètre sur ma montre, qui monte paisiblement et approche des 6000m ! Luis annonce la dernière demi heure, il est 6h, le jour commence a pointer du nez au dessus des sommets de la Cordillère royale des Andes qui nous entoure... Le chemin final est surement le passage le plus dangereux : ce dont je rêvais depuis tout petit est en train de réaliser : marcher sur une arrête de montagne : y'a 20cms pour poser ses pieds, à droite il y a un précipice de 150m, à gauche un autre précipice encore plus profond...avec surement une inclinaison de 85-90%... 6h33, 6088m, on y est !! Une fierté que je garde cachée en moi sur le moment, surement car je ne réalise pas que j'y suis enfin ! Que l'ascension, c'est fini... Mon esprit est encore drogué avec cette sensation d'alcolisme imbibé. Tout est décuplé : la faim, le froid, la fatigue !! Car généralement, comme au vélo, quand t'as fini ta course : c'est fini !! Mais là, NON ! Il faut revenir au refuge I à 4750m.
On redescend au refuge II et là, je n'ai plus une seule force, je n'entends plus ce qu'on me raconte, je suis inconscient... Sur le matelas, je peux meme pas boire un thé... Ce que j'ai oublié de dire, c'est que la 1ère nuit, j'étais déjà mal, j'ai offert à la Pachamama (Terre Mère), mon repas du soir durant la nuit, je me suis réveillé avec de la fièvre et le mal de ventre... Avec l'effort et tout par dessus ça, mon corps n'a vraiment pas apprécié... le guide est obligé de porter mon sac, je marche 4-5x moins vite que les autres, je manque de tomber á plusieurs reprises...
Au mental, j'ai fini la descente.
Depuis mon retour à la Paz (lundi), mon corps est tout malade (fièvre, "digestion difficile", dodo entre 14 et 18h par jour, pas faim, froid, sommeil, mal de tête, pas de force...) !!
Depuis ce matin, ça va légèrement mieux ! Entre temps, on a été au Lac Titicaca et là on est à Cuzco au Pérou.
6088m, je l'ai fait... et je ne le referais certainement pas, en ayant de la fièvre...
Pour dire la vérité, je n'ai jamais autant surpassé mon corps....et si au vélo j'avais réussi à me surpasser comme ça, j'aurais pu en gagner bien plus des courses... (mais passer une semaine comme ça par dessus, c'est OUT) !!
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